Biographie de l’Auteur

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Léon Bloy est un écrivain français, auteur de romans, d’essais et de pamphlets, né à Notre-Dame-de Sanilhac, Dordogne, en 1846 et mort à Bourg-la-reine en 1917. Il est surtout célébré (de nos jours, vu qu’il ne reçut aucune reconnaissance de son vivant) pour son roman biographique et inclassable, Le désespéré.

Brève biographie

Il est le fils de Jean-Baptiste Bloy, fonctionnaire aux Ponts et Chaussées, et d’Anne-Marie Carreau. Il fait de piètres études au lycée de Périgueux, il s’intéresse à l’architecture et étudie avec l’aide de son père, il entre comme commis chez un architecte parisien, se désintéresse de son travail, rêve de devenir peintre et entre aux Beaux-Arts. Tout en étudiant, il s’intéresse au socialisme révolutionnaire et s’éloigne de la religion. Mais il rencontre Barbey d’Aurevilly en 1868, dont l’influence va le ramener vers la religion catholique. Sous l’influence de l’écrivain, il découvre les philosophes Saint-Bonnet et Hello.

Pendant la guerre de 1870, il est mobilisé et part au front. Il s’y distingue. De son expérience guerrière il tirera « Sueur de sang » en 1893. Il passe brièvement par L’univers, le journal catholique, il publie des textes qui n’ont aucun succès. Il entre ensuite à la compagnie des Chemins de fer du nord.

Il perd ses parents en 1877, cherche un salut dans la vie monastique, et passe du temps à la Grande Trappe de Soligny. Il se lie à sa sortie avec Anne-Marie Roulé (même prénom que sa mère). La jeune femme a un passé de prostituée, il en devient fou, la pousse vers le catholicisme, tous deux ont des visions mystiques, elle devient folle quelques années plus tard et doit être internée. Il publie son premier ouvrage, « Le révélateur du globe » (sur Colomb), des articles, il rencontre Huysmans, Villiers de l’Isle-Adam. Comme toujours, ses ouvrages n’ont aucun succès, il commence des choses (un pamphlet hebdomadaire, Le pal), contribue à d’autres (Le chat noir), se fâche avec ses collaborateurs, abandonne ses projets, et saute d’une occupation à l’autre tout en écrivant.

En 1886, il écrit ce qui restera son chef d’œuvre, Le désespéré, qui sort en 1887, un pamphlet-roman autobiographique, absolument inclassable, d’une violence noire mêlée à une érudition inouïes. Comme toujours, le livre n’a pas de succès. Pour les personnages de Caïn Marchenoir et Véronique Cheminot, il s’inspire de sa liaison avec Anne-Marie Roulé. Il continue avec La désespérée ou « La femme pauvre ». Il écrit des articles pour Gil Blas. Il se fâche avec Huysmans quand il se découvre caricaturé dans Là-bas. En 1889, il rencontre Johanne Charlotte Molbech, avec laquelle il a une liaison, voyage avec elle au Danemark, où ils auront une fille, Véronique (comme le personnage de la prostituée dans Le désespéré).

Suite à la publication de La France juive de Drumont (qui inspirera les Pharisiens à Georges Darien), il écrit Le salut par les Juifs. Curieux ouvrage, il y écrit par exemple « L’histoire des Juifs barre l’histoire du genre humain comme une digue barre un fleuve, pour en élever le niveau. Ils sont immobiles à jamais, et tout ce qu’on peut faire, c’est de les franchir en bondissant avec plus ou moins de fracas, sans aucun espoir de les démolir. ».

Il n’a plus de sous, déménage à Antony, il contribue toujours au Gil Blas, il publie « Sueur de sang » en 1893, mais en 1895, il perd ses deux fils, sa femme tombe malade. En 1898, il édite la première partie de son journal, Le mendiant ingrat, sans succès bien entendu, et il repart pour le Danemark où il résidera de 1899 à 1900. Puis il revient en France, s’installe dans l’est parisien, à Lagny-sur-Marne, qu’il rebaptise « Cochons-sur-Marne ». Son activité littéraire se poursuit, notamment avec la parution de nombreux essais, tels que « je m’accuse », qui critique Zola et évoque L’affaire Dreyfus, la suite de son journal, « Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne », les deux volumes de L’Exégèse des lieux communs, manuel de critique de la bourgeoisie de l’époque. Avec la Première guerre mondiale, il devient encore plus sombre, il écrit « Jeanne d’Arc et l’Allemagne », « Au seuil de l’apocalypse », et « Dans les ténèbres » avant d’aller les rejoindre en Novembre 1917.

L’écrivain et l’œuvre

Bloy est inclassable. Pamphlétaire dans l’âme, virulent, violent, drôle, satirique, noir, auteur de phrases aux circonvolutions infinies, déferlements de noms et d’adjectifs plus rares les uns que les autres, phrases qui ont l’étrange pouvoir de faire remonter la pourriture de l’âme humaine, ses espoirs gâchés, ses sentiments pervers, Bloy est une météorite de l’histoire littéraire française. On le dit antisémite (des passages de L’exégèse des lieux communs), et on le dit fervent anti-antisémite (lire Le salut par les Juifs). Bloy parait ambigu à ceux qui ne le lisent pas ou ne comprennent rien à son génie. Certains le résument à un catholique mystique, ce qui est vrai, mais à l’époque, il était loin d’être le seul. D’autres le considèrent comme anarchiste de droite ; c’est vrai qu’il partage par exemple avec Darien une virulence peu commune, un goût de l’attaque personnelle au-delà du commun, et un rejet tous azimuts de la société qui ferait passer un anachorète pour un joyeux drille de salon. Bloy est un pessimiste génial, à sa place nulle part et donc partout, qui chercha pendant toute son existence sa voix hors de ce monde dans lequel il ne voit que pourriture, et qui ne supporta jamais de ne pas être reconnu.

Le mendiant ingrat, son journal intime, fait partie des dix-sept livres de la bibliothèque du Docteur Faustroll, tout comme Le voleur de Georges Darien. A noter que Bloy apparait dans l’un des chapitres du Faustroll de Jarry.

Son style unique, érudit, inventif, violent, délirant par moments, chargé d’envolées poético-sinistres, ésotérique, noir et désespéré, a rebuté ses critiques, et explique qu’il n’ait jamais rencontré le succès. Reconnu, il l’est de nos jours. C’est le Pape François qui résuma le mieux la personnalité de Léon Bloy en le citant lors de sa première messe papale : « Celui qui ne prie pas Dieu prie le Diable ». Dans cette phrase, si c’est Dieu qui intéresse François, c’est le Diable qui fascine Bloy.

©Les Editions de Londres

EXÉGÈSE DES LIEUX COMMUNS

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.

Les Animaux malades de la peste.